“Tchernobyl brésilien” encore une “tragédie annoncée”
Gésio Passos/Agência Brasil

“Tchernobyl brésilien” encore une “tragédie annoncée”

L’effondrement du sol à Maceio (Alagoas) sur le site d’anciennes mines de sel a été favorisé par la cupidité de Braskem, avec la connivence des autorités et a dévasté des quartiers et des communautés entières.

Israel Dutra 6 dez 2023, 10:02

La situation de la population de Maceió [la capitale de l’état de Alagoas] est dramatique. Mercredi 29, la protection civile a signalé le risque imminent d’effondrement de mines désaffectées de La Braskem aux abords de la lagune de Mundaú. Située entre des quartiers comme Mutange, Bebedouro, Pinheiro, Bom Parto, Farol, entre autres, il s’agit de l’une des 35 mines de Braskem destinées à l’extraction du sel gemme.

Depuis 2018, plus de 15 000 propriétés et environ 60 000 personnes ont été affectées par les effets des mines de Braskem dans la capitale de l’Alagoas. Des manifestations spontanées ont éclaté dans les quartiers de Flexais et de Bom Parto, mettant en évidence le désespoir des habitants, qui se sentent impuissants et gravement menacés.

Pedro Luiz Cortes, géologue et professeur à l’USP [Université de Sao Paulo], a décrit la situation comme “une sorte de Tchernobyl brésilien“. L’enfoncement du sol a été favorisé par l’avidité de Braskem, avec le consentement des dirigeants politiques, et a dévasté des quartiers et des communautés entières. C’est un nouveau chapitre de l’avidité au profit des grandes entreprises qui ne font qu’accélérer l’effondrement de l’environnement.

Toute ressemblance n’est pas une coïncidence

Il est impossible de regarder les images de Maceió sans les rapprocher d’autres crimes environnementaux récents, comme les tragédies de Mariana et de Brumadinho. Cette semaine, en effet, les trois entreprises responsables de la catastrophe de Mariana le 5 novembre 2019 – Samarco, Vale et BHP – ont cherché à obtenir un accord qui a été considéré comme une “plaisanterie” et une “proposition dérisoire” par les représentants du gouvernement. Cela montre comment les grands capitalistes cherchent à s’en tirer avec leurs crimes.

L’histoire de l’exploitation et de la destruction de Braskem à Maceió remonte à 1979 : depuis plus de 40 ans, Braskem est complice du gouvernement dans la destruction du sol. Le résultat est que des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées de la zone urbaine, sans aucune réparation, un crime sans précédent dans l’histoire des capitales brésiliennes. Pour citer à nouveau Pedro Cortes, dans une interview pour UOL:

C’est un scandale historique. Depuis la mise en place de ce projet dans les années 1970, l’agence environnementale de l’État recommandait de ne pas approuver la licence d’exploitation minière. Le projet a été lancé sur décision officielle du gouverneur de l’époque. Des analyses et des protestations ont eu lieu au fil des décennies, montrant le grand danger de cette exploitation dans une région en pleine urbanisation”.

Braskem est responsable de ces crimes. Alors que la mine de Maceió continue de céder, la direction de Braskem assiste à la COP-28 à Dubaï, prêchant la démagogie et poursuivant ses affaires fallacieuses. En 2022, l’entreprise a signé un accord avec la municipalité de Maceió pour offrir une compensation indécente de 25 000 réais à chaque famille. Ce véritable simulacre montre à quel point la tragédie a été annoncée tôt.

La principale activité économique qui garantit la subsistance des familles autour de la lagune de Mundaú, la pêche, est temporairement suspendue et menacée.

La dimension politique des crimes contre l’environnement

Le rôle des gouvernements et des représentants politiques dans les crimes environnementaux est notoire. Le clan des Calheiros, par l’intermédiaire de Renan,  le père sénateur et de Renan Filho, le fils et ministre des transports attaque Braskem comme responsable, exige des mesures et fait pression pour l’installation d’un CPI au Sénat. C’est un bras de fer avec le chef du centrão et maire tout puissant Arthur Lira et le maire de la ville, JHC, qui cherchent une meilleure ligne de négociation avec l’entreprise.

Disons tout d’abord que condamner la Braskem est plus que correct. Cependant, au-delà des divergences sur les récits, il existe une responsabilité partagée pour les 40 années d’exploitation à Alagoas. Il convient de rappeler que Braskem [géant brésilien de la chimie], est l’un des “champions nationaux”, un groupe de grandes entreprises mises en avant dans les premiers gouvernements du PT, pour être considérés de la représentation de la “bourgeoisie nationale”.

Braskem dot d’être punie, pour l’exemple. L’interdiction de ses activités les plus prédatrices devrait s’accompagner de mesures telles qu’une compensation équitable pour les personnes affectées par ses crimes environnementaux, l’intervention et le contrôle publics sur son capital, ainsi que l’ouverture de ses livres de secrets commerciaux.

La députée Sâmia Bomfim a déjà fait appel au Procureur Général de la République  contre la Braskem.

Quel “agenda environnemental”?

Nous sommes à un moment décisif au Brésil et dans le monde. La question socio-environnementale émerge comme jamais auparavant dans l’histoire moderne. Elle s’impose de manière spectaculaire.

Le principal forum de discussion sur l’orientation de la planète se tient à Dubaï dans le cadre de la COP-28. Lula a prononcé un discours en faveur de l’environnement, en général, mais avec d’importantes lacunes, comme l’allocation de près de 300 milliards de fonds du PAC [Programme d’Accélération de la Coissance] au lobby du pétrole et du gaz ou la question préoccupante de l’adhésion à l’OPEP+.

La politique environnementale doit devenir une préoccupation centrale. Le gouvernement s’est allié au secteur bolsonaristes pour approuver deux mesures régressives de ce point de vue : une libération accrue des pesticides par le Congrès – après deux décennies, une loi a été approuvée sur-mesure pour les ruralistes, qui outre  la diminution des pouvoirs de l’Ibama (Protection de l’Environnement) et de l’Anvisa (Vigilance sanitaire) libère l’utilisation de 231 pesticides, y compris les plus toxiques, qui avaient été interdits auparavant. Et la Chambre des députés a approuvé, par 406 voix contre 16, un projet de loi qui encourage la création et l’exploitation de centrales thermoélectriques alimentées par le gaz naturel et le charbon au Brésil. Ces plates-formes sont plus nocives pour l’environnement car elles produisent de l’énergie avec des émissions de gaz à effet de serre plus élevées.

Comme le disent généralement les activistes du climat : “il n’y a pas de plan/planète b“. Il est urgent de mettre un frein et d’inverser le modèle agro-exportateur, et créer les conditions pour un projet de pays nouveau, basé sur la résistance des peuples indigènes, des campagnes, des forêts, des communautés riveraines, en construisant une alliance avec les gens de la ville, en assumant la tâche de défendre le bien commun, le patrimoine environnemental pour une vie plus juste et plus digne, un véritable programme de transition environnementale, dans une perspective écosocialiste.


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