Une semaine de luttes importantes
Cette semaine, la dernière du mois de novembre, deux luttes centrales : la grève contre les privatisations des services publics à São Paulo; et la solidarité avec la cause palestinienne.
L’année touche à sa fin. Les travailleurs brésiliens souffrent de la crise environnementale, du poids de l’endettement et des attaques l’emploi, et comptent les jours qui les séparent des fêtes de fin d’année. Mais avant cela, des luttes et des processus sont à l’ordre du jour. Deux luttes en cours sont centrales, exemplaires et méritent notre soutien, notre attention et notre solidarité : la lutte contre la privatisation de la SABESP (distribution et traitement des eaux), du métro et de la CPTM (trains urbains) à São Paulo ; et la solidarité avec la cause palestinienne.
Il s’agit d’une lutte politique et idéologique, comme le montre l’Argentine voisine, où le réactionnaire Javier Milei combine les deux agendas pour constituer la base programmatique à son gouvernement d’extrême droite : il est à l’avant-garde du soutien à Netanyahu et sa principale bannière est “tout privatiser”. La semaine prochaine, un important calendrier de luttes est prévu sur ces questions.
Mardi 28: Sao Paulo s’arrête contre les privatisations
A l’initiative de syndicats représentant les catégories centrales telles que SABESP, Metro, CPTM, Fundação Casa (appui socio-educatif) et les personnels de l’éducation de l’état de Sao Paulo, la journée de grève unifiée dans l’état de São Paulo prend de l’ampleur. Mardi prochain (28), les travailleurs organiseront une journée de lutte, avec des grèves et des manifestations dans tout l’état, avec pour épicentre la grève du métro dans la plus grande ville du pays.
La journée du 28 promet de surpasser la grève du 3 octobre, qui a marqué politiquement la situation à São Paulo. Après cela, l’organisation des travailleurs du métro a subi une attaque majeure, avec le licenciement de sept dirigeants, la privatisation de la SABESP soumise à l’ALESP [Assemblée Législative de l’Etat de Sao Paulo], la crise de l’ENEL1 – qui a entraîné la chute de son président – et la dernière ligne droite des mobilisations. Tout indique que la grève sera forte et pourrait se transformer en une déclaration générale contre la ligne de Tarcísio de Freitas, y compris la possibilité d’entraver la vente de la SABESP, en profitant des contradictions du parlement lui-même.
Une victoire à São Paulo, comme nous l’avons déjà écrit, aurait un impact sur l’ensemble du pays. Nous sommes confrontés à un cycle difficile de confrontations, dans tous les domaines. Le gouvernement fédéral n’assouplit pas sa ligne fiscale ; les employeurs tentent de licencier des travailleurs, comme la tentative ratée dans l’industrie métallurgique, ou le licenciement de travailleurs à l’hôpital de cardiologie de Porto Alegre. Dans le Minas Gerais, la campagne contre l’ajustement de Romeu Zema se poursuit et la fonction publique fédérale se mobilise également.
Mercredi 29: la solidarité nous unit, Palestine libre !
Cette semaine encore, le mercredi 29, les comités de solidarité avec la Palestine du monde entier préparent une journée commune de marches et de manifestations. Cette date est fixée en l’honneur de la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. Au Brésil, des manifestations sont organisées dans plusieurs capitales, telles que Natal, Rio de Janeiro, Curitiba, Manaus, ainsi que dans les deux villes où le plus grand nombre de manifestants se sont rassemblés, Porto Alegre et São Paulo, avant-gardes dans la lutte récente contre l’agression contre Gaza.
Cette date s’inscrit dans le contexte d’une impasse, alors que la clameur mondiale en faveur de l’arrêt du génocide s’intensifie, unissant les artistes, les intellectuels, le mouvement syndical, la jeunesse et de nombreux autres secteurs pour demander un cessez-le-feu immédiat. L’impasse persiste après les premières étapes de l’échange d’otages entre le Hamas et Israël, sous la médiation du Qatar et des États-Unis. La soi-disant trêve humanitaire n’empêchera pas l’escalade du génocide, mais elle obligera le monde entier à faire écho encore plus fort à l’appel à l’arrêt de l’agression.
Au Brésil, Lula doit passer des paroles aux actes : il est insoutenable de maintenir des relations avec l’État d’Israël alors qu’il continue à massacrer le peuple palestinien ; ainsi que d’accepter au Brésil l’ambassadeur actuel qui continue à assurer la liaison avec l’opposition putschiste et Bolsonaro pour saboter la diplomatie brésilienne. La nouvelle mesure immédiate à prendre est de rompre les relations commerciales et diplomatiques. Avec cette compréhension, les militants du MES seront au centre des luttes de cette semaine à travers le Brésil.
- En 2018, le groupe italien ENEL a mis la main à l’occasion de sa privatisation sur Eletropaulo, l’opérateur historique de l’état. La crise de l’Enel commence le 7 novembre dernier. Après de violents orages, la fourniture d´électricité a été interrompue pour plus de 2 millions d’usagers. L’Enel s’est montré particulièrement incapable de gérer la crise, qui s’est prolongée pendant plus d’une semaine. A tel point que alors que son président (aujourd’hui remplacé) est venu tenter de justifier la situation à l’ALESP, la session a dû être suspendue suite à … une panne d’électricité. ↩︎