Après la grève des PepsiCo, la lutte contre l’échelle 6×1 pointe à l’usine
WhatsApp-Image-2024-11-28-at-06.52.01-scaled-1

Après la grève des PepsiCo, la lutte contre l’échelle 6×1 pointe à l’usine

La lutte des travailleurs de São Paulo marque un tournant dans la mobilisation pour de meilleurs horaires de travail.

Israel Dutra 8 dez 2024, 11:20

La grève des PepsiCo pour la réduction des horaires de travail, contre les échelles 6×1 [six jours travaillés et un jour de repos) et 6×2 a pris fin. D’abord dans l’usine de Sorocaba puis dans l’usine d’Itaquera un peu plus tard, au bout de 9 jours. Le syndicat et les travailleurs ont accepté les termes de la conciliation du tribunal régional du travail, en date du 2 décembre.

La victoire est partielle et précaire en termes de résultats. Quatre points centraux ont été négociés : i) dans les usines d’Itaquera et de Sorocaba, les travailleurs travaillant en 6×1 bénéficieront d’au moins un samedi de congé par mois, voire deux en fonction des heures supplémentaires effectuées ; ii) poursuite des négociations pour une période de 70 jours pour avancer dans la mise en place de nouveaux horaires; iii) paiement des jours de grève et ; iv) 45 jours de stabilité d’emploi au sein de l’usine. En fonction des conditions difficiles de la grève, de la répression patronale et du rapport de force au sein de l’entreprise, l’acceptation de ces conditions était inévitable. Et le sentiment d’une victoire crée une atmosphère positive en général.

Pepsico est une multinationale qui contrôle plusieurs branches et marques importantes dans le secteur alimentaire. L’usine de Sorocaba produit et conditionne la gamme «Toddy», sous la marque Quaker. L’usine d’Itaquera, à l’est de São Paulo, produit la gamme de produits transformés Elma Chips, les snacks «Torcida» et «Fofura». L’usine située à l’est de la capitale emploie environ 750 personnes, réparties en trois équipes.

Après quatre mois de négociations sans résultats, la grève a été lancée suite dans la foulée de l’audience atteinte par le mouvement VAT (une Vie Après le Travail) sur les réseaux sociaux . À la suite de l’annonce du  PEC[1] et des mobilisations du 15 novembre, le syndicat (STILASP) a profité de l’occasion pour rendre visible sa négociation sur la rotation des semaines de congé à travers la lutte « contre l’échelle 6×1 ».

Pour combattre la grève, l’entreprise a eu recours à la répression policière, des campagnes de presse et, enfin, au harcèlement moral et aux menaces de licenciement, via des groupes WhatsApp, exigeant la reprise du travail. Comme l’a déclaré Carlos Oliveira (Carlão, « le grand Charles »), président de STILASP [Syndicat des travailleurs de l’alimentation, lors de l’assemblée d’usine qui a décidé la reprise du travail:

C’était l’ accord possible, mais qui reste insuffisant. Notre grève a mis la réduction du temps de travail au centre de l’agenda syndical. Notre lutte historique est pour la semaine de 40 heures.

Prise de conscience et solidarité

Les patrons ont fait part de leur « solidarité de classe ». La grève a pris des contours plus larges lorsque l’ABIA (le syndicat patronal de l’alimentaire) et la CNI (Confédération Nationale de l’Industrie) se sont associées à l’action en justice pour à déclarer le mouvement illégal. L’exposé des motifs de la CNI est une réflexion patronale très politique, compte tenu du risque qu’une victoire chez PepsiCo aurait en raison de l’effet de contagion à cette période de l’année.

Après la grève, PepsiCo a pris des mesures pour apaiser le mécontentement (une prime de 440 Reais à la fin de l’année pour tout le monde) et a encouragé les pratiques antisyndicales en offrant des primes aux briseurs de grève. Elle a également publié une série d’articles dans la presse d’entreprise afin d’améliorer l’image de l’entreprise, compte tenu des répercussions de la grève.

La solidarité du côté des travailleurs a aussi été effective. Des syndicats de tout le pays, des mouvements via les réseaux sociaux, des secteurs politiques oú des personnalités comme le juriste Jorge Souto Maior ont apporté leur soutien à la grève. Un manifeste, traduit en quatre langues, a permis de recueillir des soutiens internationaux, perçus ave sympathie.  e.

Les principales organisations syndicales du pays (CUT, FS et CTB) ont boycotté la grève.

Le mouvement VAT sort renforcé.  Lors de l’assemblée finale, ses représentants à Sao Paulo ont été reçus avec autorité et respect, son fondateur, Rick Azevedo cité et applaudi. La députée Erika Hilton, autrice de la PEC , est devenue une référence. En fait, le PSOL dans son ensemble est apparu comme la principale force soutenant la grève. Les élues Luana Alves, Amanda Paschoal, Monica Seixas et Sirlene Maciel étant présentes régulièrement sur les piquets de grève  et ont multiplé les interventions de solidarité.

Le discours de Sâmia Bomfim au congrès national a eu des répercussions sur tous les groupes du mouvement syndical.

Étaient également présents le PSTU, UP, CST, Revolução Socialista (courant interne du PSOL), MRT, Soberana et quelques groupes minoritaires de gauche.

Le MES actif dans le soutien

Dès le début, nous avons été à l’avant-garde de la solidarité, avec un nombre important de militants et de cadres. Depuis des jeunes lycées jusqu’á des cadres syndicaux et politiques expérimentés, tous étaient présents tout au long des sept jours aux piquets de grève, dans les réunions avec le syndicat, aux audiences de conciliation, et surtout dans le soutien et la solidarité.

Le bilan le plus important est que le débat sur les horaires de travail et contre l’échelle 6×1, un temps circonscrit aux réseaux sociaux, a fait irruption dans les ateliers et dans l’atelier. Ce concept a été développé lors de l’assemblée finale d’hier et est objectif. L’installation de la lutte contre les 6×1 a fait un bond en avant avec la grève de PepsiCo. Les réseaux diffusent les initiatives et les revendications des catégories de travailleurs. Cela doit être suivi et contrôlé, car nous pourrions avoir de nouveaux «PepsiCo», même si le climat de fin d’année est plus dilatoire à l’égard de la pression sociale des travailleurs.

Des initiatives telles que celles menées par les parlementaires du MES dans tout le Brésil ou, à une échelle plus petite et structurelle, la pétition signée á l’initiative de notre groupe de travailleurs du département vétérinaire de l’USP, demandant la fin du 6×1 pour les travailleurs externes, doivent se poursuivre, être stimulées, diffusées et centralisées afin de suivre notre exemple dans cette lutte.

Nous devons renforcer et être fiers des efforts des plus de 20 militants présents sur les piquets de grève, des interventions de nos figures publiques et de la mobilisation de l’ensemble du MES pour intervenir dans cette grève et celles à venir. Tout cela est ruche d’enseignements, non seulement pour la classe qui suit les évènements via les réseaux et autres midias, mais aussi pour notre propre militantisme.

Perspectives

La lutte contre l’échelle 6×1 est à l’ordre du jour de la société. Et il y a un courant d’opinion, souterrain et encore à peine conscient et organisé, sur les lieux de travail, dans les couches plus larges et plus jeunes du prolétariat brésilien, qui commence à exiger de meilleures conditions de travail. Il s’agit de dizaines de millions de personnes, réparties dans tout le pays, avec une concentration dans les grandes villes, qui discutent, réfléchissent à la manière et au moment d’agir.

L’enquête publiée dans le journal Folha de São Paulo indique que 89 % des personnes interrogées savent que la proposition de mettre fin à l’horaire de travail 6×1 est en cours de discussion au Congrès. Et que 70 % d’entre elles soutiennent directement la fin de l’échelle 6×1, au-delà des clivages idéologiques traditionnels, puisque la majorité des électeurs de droite y sont également favorables.

Le PSOL doit soutenir fermement l’extension de cette mobilisation. Et l’associer à d’autres slogans importants et nécessaires, comme la lutte contre les coupes dans le BPC [dispositif daide au plus démunis] proposées dans le plan d’économies présenté en fin d’année par le gouvernement (let auquel le groupe parlementaire du PSOL s’est correctement opposé), la dénonciation de l’escalade de la répression policière contre les jeunes noirs et périphériques, ainsi que la lutte pour l’arrestation de Bolsonaro, qui connaîtra un nouveau chapitre dans la manifestation prévue pour le 10 décembre.


[1] La durée maximum du travail est fixée para la Constitution à 8 heures par jours et 44 heures par semaine. La PEC (Projet d’Amendement à la Constitution) maintient la journée maximum de 8 heures, mais réduit la durée hebdomadaire à 36 heures et le nombre de jours travaillés à 4 par semaine. Pour qu’un amendement á la constitution soit adopté, il doit recueillir  une majorité qualifiée des 2/3 au parlement.


TV Movimento

Balanço e perspectivas da esquerda após as eleições de 2024

A Fundação Lauro Campos e Marielle Franco debate o balanço e as perspectivas da esquerda após as eleições municipais, com a presidente da FLCMF, Luciana Genro, o professor de Filosofia da USP, Vladimir Safatle, e o professor de Relações Internacionais da UFABC, Gilberto Maringoni

O Impasse Venezuelano

Debate realizado pela Revista Movimento sobre a situação política atual da Venezuela e os desafios enfrentados para a esquerda socialista, com o Luís Bonilla-Molina, militante da IV Internacional, e Pedro Eusse, dirigente do Partido Comunista da Venezuela

Emergência Climática e as lições do Rio Grande do Sul

Assista à nova aula do canal "Crítica Marxista", uma iniciativa de formação política da Fundação Lauro Campos e Marielle Franco, do PSOL, em parceria com a Revista Movimento, com Michael Löwy, sociólogo e um dos formuladores do conceito de "ecossocialismo", e Roberto Robaina, vereador de Porto Alegre e fundador do PSOL.
Editorial
Israel Dutra | 31 jan 2025

A luta dos indígenas é um exemplo para o país

Ocupação da Secretaria de Educação de Pará enfrenta governo em defesa da educação indígena
A luta dos indígenas é um exemplo para o país
Edição Mensal
Capa da última edição da Revista Movimento
Revista Movimento nº 54
Nova edição da Revista Movimento debate as Vértices da Política Internacional
Ler mais

Podcast Em Movimento

Colunistas

Ver todos

Parlamentares do Movimento Esquerda Socialista (PSOL)

Ver todos

Podcast Em Movimento

Capa da última edição da Revista Movimento
Nova edição da Revista Movimento debate as Vértices da Política Internacional

Autores

Pedro Micussi