Braga Netto en prison. Bientôt le tour de Bolsonaro
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Braga Netto en prison. Bientôt le tour de Bolsonaro

La lutte pour l’emprisonnement de Bolsonaro est à l’ordre du jour. Et le mouvement pourrait gagner en ampleur.

Israel Dutra 26 dez 2024, 16:20

Les commémorations ont commencé plus tôt cette année 2024 quand des millions de militants ont levé leur verre et porté un toast à la nouvelle la plus importante du mois de décembre : l’arrestation du Général Braga Netto.

Résultat d’une opération bien menée par la police fédérale, sous réquisition de Alexandre de Moraes[1], la prison préventive de Braga Netto assusé de planifier un coup dÉtat[2] est une réussite politique et un évènement historique. Pour la première fois, un général quatre étoiles se retrouve derrière les barreaux[3] – même s’il bénéfice de nombreux privilèges. Seules des crapules du cercle rapproché de Bolsonaro, comme Mourão et Pazuello, ont élevé la voix pour défendre le prisonnier. Politiquement, c’est un coup dur porté à ceux qui ont rêvé et tramé un coup d’État, place l’arrestation de Bolsonaro à l’horizon et relance la clameur populaire pour « Pas d’amnistie ».

Dans une situation politique complexe, alors que Lula se remet d’une intervention chirurgicale [4], que les marchés financiers exercent leur chantage pour plus de rigueur budgétaire et les députés du Centrão pour plus de prébendes et autres bénéfices, et qu’un train de mesures antipopulaires est voté au parlement, l’arrestation de Braga Netto trace les taches du prochain round politique.

Bolsonaro doit être mis en prison en 2025

Rien n’aura plus d’influence sur le cours des choses au Brésil kusqu’aux prochaines élections [présidentielles de 2026] que l’arrestation de Bolsonaro. Pour l’instant inéligible, mais encore opérationnel, Bolsonaro tente toujours d’organiser ses partisans pour reprendre le pouvoir et mettre en œuvre son projet ultra-libéral. Encouragé par la victoire de Trump, sa stratégie électorale est risquée et éclectique : il a soutenu [lors des dernières élections municipales] des figures populistes de droite comme Melo (RS) et Nunes (SP), a cherché à renforcer le PL constituer sa propre force politique. Le résultat, comme nous l’avons évoqué dans d’autres articles, n’a pas été à la hauteur. A l’extrême droite et les secteurs qui lui sont proches, la concurrence se bouscule : avec de nouveaux acteurs comme l’outsider Marçal à São Paulo, la stabilisation de l’aile droite du soi-disant Centrão, l’apprition de leaders régionaux comme Ratinho Jr dans le Parana, la dispute de l’agro-business avec Caiado (Goias) et, surtout, la victoire incontestée du duo Kassab-Tarcísio à São Paulo.

L’échec et l’improvisation des putschistes – que ce soit dans le plan révélé ou dans la tentative d’assassinat [contre des juges du STF] ratée de Francisco Wanderley « Tiu », originaire de Santa Catarina et lié au PL – ont relancé les inquiétudes quant à l’hégémonie de l’opposition de droite au Brésil. La désorganisation du bolsonarisme – qui reste résileint et « populaire » – a conduit à une dispute pour savoir qui héritera de ses votes et de ses projets. Une lutte fratricide pourrait s’ouvrir sur ce terrain tout au long de l’année 2025.

L’arrestation de Bolsonaro, encore un peu plus proche après l’arrestation de son ancien vice-président, est un élément fondamental de la lutte plus large contre l’amnistie, pour la défense des paramètres démocratiques dans le pays et pour mettre l’extrême droite sur la défensive. Il s’agit d’une tâche incontournable pour le mouvement de masse afin de lutter pour un changement dans l’équilibre des pouvoirs.

La question militaire et la militarisation de la politique

L’arrestation d’un militaire de haut rang ouvre d’autres débats importants. Il n’y a pas eu au Brésil de justice de transition [entre dictature et démocratie], comme au Chili et en Argentine, et c’est un des fondements du poids de l’extrême droite dans les casernes et dans la société.

D’une part, c’est l’occasion de s’appuyer sur la clameur massive « Pas damnistie » pour régler nos comptes, arrêter les putschistes et les civils qui les financent et mettre au pas les secteurs militaires. C’est tout un programme à défendre.

D’autre part, il y a une énorme militarisation de la vie sociale, avec São Paulo comme laboratoire, où le bolsonariste Derrite[5] défend et encourage l’impunité de la Police Militaire alors que les cas de violence policière sont de plus en plus nombreux, comme dans les récents scandales résultant des meurtres de jeunes hommes noirs de sang-froid par la police de São Paulo. Cela s’étend à la militarisation des écoles, autre fleuron du projet de Tarcísio.

Dénoncer l’escalade de la violence policière, lutter pour des mesures efficaces telles que l’utilisation de caméras sur les uniformes de police et un plan alternatif pour traiter la sécurité publique, mobiliser la société, les droits de l’homme et gagner les rangs inférieurs de la police, est une mesure urgente.

Il est également urgent de discuter de la destitution du Ministre des Armées Múcio du gouvernement, en tant que protecteur des secteurs putschistes et représentant des intérêts du génocide sioniste, dans le cas de l’industrie de l’armement, qui a fait l’objet d’un veto grâce aux conseils de Celso Amorin et d’Itamaraty.

La réponse du mouvement de masse et nos tâches

Malgré l’offensive d’une partie de la superstructure juridique et politique, enmenée par Moraes et soutenue par Globo, contre le coup d’État de Bolsonaro, les manifestations convoquées par les « fronts » se sont vidées. L’action du 10 décembre a été aussi faible que les manifestations du 1er mai, pratiquement protocolaire, sans impact et réduite aux secteurs militants des partis de gauche et de centre-gauche.

C’est la marque de l’apathie du mouvement de masse et de l’impuissance des directions qui, bureaucratisées et éloignées de la base, ne peuvent même pas mobiliser leurs plus proches partisans. Il s’agit là d’un problème majeur de la lutte sociale au Brésil. Renverser cette situation et mettre la campagne «Pas d’amnistie» sur les lèvres de millions de personnes est essentiel pour la lutte démocratique dans son ensemble au cours des six prochains mois.

Pour notre part, nous menons une agitation avec des affiches de rue et sur les réseaux sociaux (à l’exemple du PSOL dans le Rio Grande do Sul) avec les slogans pour l’arrestation de Bolsonaro et des putschistes.

Nous misons également sur la continuité de la campagne contre l’échelle 6×1 qui prend de l’ampleur sur les lieux de travail.

Et nous soulignons la nécessité de lutter contre le train de mesures néfastes voté au Congrès. Nous avons lancé un manifeste pour s’y opposer [Pt]. Nos parlementaires ont mené le bon combat contre ces mesures, le groupe parlementaire du PSOL dans son ensemble ayant voté contre elles. L’orientation économique du gouvernement, et non seulement dans le train de mesures, est socialement libérale et antipopulaire. , Nous le voyons dans les actions du futur président de la Banque centrale, nommé par Lula, Gabriel Galípolo, qui table sur l’augmentation des taux d’intérêt, ce qui va à l’encontre des intérêts de la majorité sociale.


[1] Alexandre de Moraes est le ministre du Supérieur Tribunal Fédéral en charge de l’enquête les menées putschistes pour remettre en cause le résultat des élections présidentielles de 2022 et la défaite de Bolsonaro [NdT].

[2] Walter Souza Braga Netto est un des poids lourds de la hiérarchie militaire brésilienne. Commandant militaire de la région Est, il est promu, déjà sous Bolsonaro, Chef d’état-major. En février 2019, il passe à la réserve et occupe le poste stratégique de ministre-chef « da Casa Civil » jusqu’en mars 2021 quand il devient ministre de la Défense. Il est candidat aux présidentielles de 2020 en tant que vice de Bolsonaro.

L’arrestation de Braga Netto est due á sa participation aux préparatifs du coup d’État pour barrer l’accès à la présidence du vainqueur des élections de 2022, Lula. En particulier Braga Netto a tenu une réunion à son domicile avec les commandos censés « neutraliser » le président élu Lula, son vice-président Geraldo Alkmin et le juge Alexandre de Moraes et leur a remis des fonds pour financer l’opération. Les multiples tentatives de Braga Netto de faire obstruction aux enquêtes en cours ont été déterminantes dans la décision de Alexandre de Moraes de décréter sa prison préventive.

[3] La loi d’amnistie votée en 1979, si elle a permis la libération des militants emprisonnés et le retour des exilés, a surtout garanti l’absence de poursuite contre les membres des forces de l’ordre et des militaires tortionnaires et leurs chefs. A la différence du Chili ou de l’Argentine aucun officier supérieur n’a eu à rendre compte devant la justice des crimes de la dictature. Récemment, la députée Fernanda Melchionna (RS) a déposé un projet de loi pour revoir des  dispositions scandaleuses[ NdT].

[4] Lula a été soumis à une  craniotomie le 10 décembre 2024 pour traiter des conséquences de traumatisme crânien après sa chute accidentelle du mois d’octobre.

[5] Le “Capitaine Derrite” comme il se désigne, a commandé l’unité de patrouille ostensive de la Police militaire de São Paulo. Il en a été éloigné pour « létalité excessive ». Il revendique de tirer pour tuer et a été élu député fédéral pour le PL de Bolsonaro. Il est actuellement responsable de la Sécurité Publique de l’État de Sao Paulo dans le gouvernement de Tarcisio Freitas. [NdT]


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