Rio de janeiro: le génocide comme politique
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Rio de janeiro: le génocide comme politique

Le projet sécuritaire du gouverneur Cláudio Castro transforme les favelas en champs de bataille.

Tatiana Py Dutra 29 out 2025, 22:33

Gouverneur de Rio de Janeiro depuis 2021, Cláudio Castro (PL) s’est imposé comme l’un des principaux leaders de l’extrême droite dans le pays, défendant une politique de sécurité marquée par la confrontation et la militarisation des favelas. Avocat et musicien catholique, Castro a été élu vice-gouverneur de Wilson Witzel en 2018 et a pris les rênes de l’État après la destitution de ce dernier. Réélu en 2022 avec le soutien de Jair Bolsonaro, il a maintenu son discours de « tolérance zéro » envers la criminalité et la confrontation armée comme principale réponse à la crise de sécurité publique dans l’État de Rio de Janeiro.

Sous son gouvernement, Rio de Janeiro a de nouveau enregistré des taux alarmants de létalité policière. Les organisations de défense des droits humains ont recensé des dizaines de massacres dans les favelas ces dernières années, faisant des centaines de morts. Selon une enquête de RioOnWatch, entre 2022 et 2023, au moins 39 opérations ont été menées, faisant 178 morts en seulement 15 mois, presque toutes dans des communautés pauvres et majoritairement noires.

L’administration Castro mise sur des opérations de grande envergure, utilisant des blindés et des hélicoptères, pour occuper les territoires contrôlés par les factions. En octobre 2025, la police a mené ce que le gouverneur a qualifié de « plus grande opération de l’histoire » contre le Comando Vermelho, dans les communautés de Penha et d’Alemão. Bilan : 64 morts1 et 81 arrestations. Des organisations de défense des droits humains et des habitants ont dénoncé des exécutions, des invasions de domiciles et des disparitions.

Pour les détracteurs, il s’agit d’une politique de guerre menée contre la population des banlieues.

« La politique de sécurité expose les habitants à la mort et nous prive de tous nos droits », a déclaré un habitant à RioOnWatch.

Une prime au cadavre et critiques des experts

L’administration Castro a également relancé le débat sur les primes accordées aux policiers qui « neutralisent des criminels » ou saisissent des armes de gros calibre. Cette mesure, considérée par les experts comme une incitation à la létalité, a été critiquée par des organismes internationaux et par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.

Pourtant, Castro a réitéré que les forces de sécurité de l’État « se battent seules » et accuse le gouvernement fédéral de manque de soutien. Le ministère de la Justice affirme toutefois que toutes les demandes de renforts et d’équipements ont été satisfaites et accuse le gouverneur d’utiliser ce sujet à des fins électorales.

Droits et citoyenneté assiégés

La politique sécuritaire du gouvernement de l’État de Rio de Janeiro est largement critiquée par les mouvements sociaux, les défenseurs publics et les experts en sécurité citoyenne. La critique principale est que le gouvernement investit dans la confrontation, mais néglige les politiques sociales capables de s’attaquer aux causes structurelles de la violence, telles que l’éducation, le logement et les opportunités pour les jeunes.

« La sécurité publique à Rio a été réduite à une question d’élimination de l’ennemi », résume un rapport de Justiça Global. Pour les organisations de défense des droits humains, la stratégie de Castro renforce la ségrégation raciale et territoriale qui marque historiquement la relation entre l’État et les favelas.

Un État sous militarisation

Cláudio Castro fait partie d’une génération de politiciens qui ont transformé la question de la sécurité en plateforme électorale. La rhétorique de la guerre contre la drogue, le soutien aux actions policières à fort impact et la criminalisation des territoires populaires ont consolidé son image auprès de l’électorat conservateur.

Mais pour la gauche cependant, sa politique représente l’approfondissement d’un modèle défaillant : un État qui, au nom de la sécurité, produit plus d’insécurité et choisit comme ennemi précisément ceux qui ont le plus besoin de protection.

Base électorale et alignement avec le bolsonarisme

La politique séuritaire de Cláudio Castro est également une stratégie politique. En adoptant le discours de la « guerre contre le crime » et en défendant les opérations meurtrières comme symbole d’autorité, le gouverneur consolide sa base parmi les secteurs conservateurs et les corporations policières. Ce discours lui permet de rester l’une des figures les plus influentes du camp bolsonariste, même après la fin du gouvernement de Jair Bolsonaro.

Castro exploite la peur et le sentiment d’insécurité de la population de Rio de Janeiro comme capital politique, se présentant comme le « gouverneur de l’ordre ». Lors d’événements publics et sur les réseaux sociaux, il a l’habitude de vanter le travail des forces de sécurité et d’accuser ses détracteurs de « défendre les bandits ». Ce discours polarisant est devenu la marque de fabrique de son administration et renforce la division entre le « bon citoyen » et « l’ennemi intérieur » – une rhétorique qui trouve un écho auprès d’une partie importante de l’électorat de Rio de Janeiro.

Pour les analystes de gauche, le maintien de cette logique électorale empêche le débat sur les solutions structurelles à la violence. Alors que le gouvernement investit des milliards dans des blindés et des armes, les programmes de prévention, d’éducation et de génération de revenus dans les favelas continuent de souffrir d’un budget réduit. « C’est la reproduction d’un projet autoritaire de pouvoir, qui transforme la sécurité publique en théâtre de guerre et les vies périphériques en dommages collatéraux », résume un chercheur de l’Observatoire des favelas.

Dans un État où l’inégalité et la violence vont de pair depuis des décennies, le gouvernement de Cláudio Castro symbolise, pour ses détracteurs, le choix de maintenir la balle comme politique d’État – et la mort comme statistique.

  1. Mardi 28 au soir, le bilan était de 64 victimes. Dans la nuit de mardi à mercredi, les habitants des favelas de la Maré et de la Penha ont retrouvé plus de 60 cadavres, certains présentant des signes évidents d’exécution sommaire ou de torture. Le bilan de l’action criminelle de Claudio Castro dépasse déjà les 130 victimes. ↩︎

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