Bolsonaro enfin derrière les barreaux
Le bolsonarisme ne peut être vaincu que par une lutte « á chaud».
Le bolsonarisme ne peut être vaincu que par une lutte « á chaud»
Grand jour. Le matin du 22 novembre, la police fédérale a arrêté chez lui l’ancien président génocidaire Jair Bolsonaro, après avoir constaté une tentative de violation de son bracelet électronique.
Un nouveau chapitre s’ouvre dans une conjoncture nationale brésilienne agitée , avec des implications importantes pour l’immédiat et la préparation de la campagne électorale de 2026.
Un revers pour les putschistes
Après les manifestations du 21 septembre[1], Bolsonaro et les putschistes les plus radicaux se sont retrouvés sur la défensive.
L’extrême droite s’est tournée `chercher à rebondir à partir du massacre commandité par Claudio Castro, le gouverneur de l’état de Rio et de l’appel à la lutte contre les soi-disant « factions ». La semaine dernière, la loi dite « anti-faction », concoctée par le rapporteur Derrite, a été approuvée, mobilisant l’attention du parlement et cherchant à réorienter l’agenda du pays.
Un autre élément a été le recul relatif de Trump, après sa rencontre avec Lula, et la suspension d’une partie des sanctions tarifaires et, pour l’instant, son éloignement du clan Bolsonaro.
L’arrestation de Bolsonaro a affaibli le secteur le plus dur du coup d’État. La tendance est à l’isolement de Bolsonaro et de ses fils, tendance renforcée par la fuite de Ramagem[2]; l’extrême droite devra accélérer une « sortie du bolsonarisme » pour préserver une chance dans la course à présidentielle de 2026.
D’autre part, un secteur va tenter de s’appuyer sur les contradictions entre Motta et Alcolumbre [respectivement Présidents du l’Assemblée et du Sénat] et le gouvernement fédéral pour relancer le débat sur l’amnistie [des putchistes], ce qui pourrait à nouveau polariser l’agenda de la Chambre.
Une dispute politique
Pour faire face à la situation, il faut immédiatement se polariser sur deux axes :
Poursuivre le démantèlement du bolsonarisme, sans relâcher la pression après l’emprisonnement de Jair Bolsonaro, mais aussi en avançant sur toute la chaîne des putschistes (financiers, articulateurs économiques et politiques) et en luttant contre toute tentative d’amnistie
Affronter la discussion sur le problème des « factions ». La solution, contrairement à la caricature du projet de Derrite, ne consiste pas à criminaliser les territoires, mais à lutter contre le crime organisé en costume-cravate, comme l’ont clairement montré l’opération Carbono Oculto et l’emprisonnement du propriétaire de la banque Master.
Affronter l’extrême droite sur tous les terrains
Il faut s’appuyer sur le sentiment de célébration que de nombreux militants ont éprouvé après l’annonce de l’arrestation de Bolsonaro pour poursuivre la lutte politique, sur les réseaux sociaux, dans les rues, dans les structures de la société.
Les exemples ne manquent pas. La lutte des indigènes et des jeunes à la COP-30, dénonçant le capitalisme vert, l’hypocrisie du gouvernement lui-même et la privatisation des fleuves ; l’action de la négritude lors du novembre noir, avec l’acte du 20, la marche des femmes noires à Brasilia et le lancement de la collatérale de la négritude du MES, la Maré Negra.
Seule la lutte « à chaud » peut vaincre le bolsonarisme et préparer le terrain pour la bataille qui suivra, sur le terrain électoral, en 2026.
[1] Alors que la droite et l’extrême droite venaient d’approuver la PEC de l’impunité et ouvrait la voie au vote de l’amnistie aux putschistes de janvier 2023, le 1 septembre, une mobilisation d’ampleur nationale, réunissant des millions dans les principales villes du Brésil obligeait le Sénat à enterrer le projet [NdT]..
[2] Alexandre Ramagem faisait partie du noyau central de préparation de la tentative de coup d’état. Ami personnel de la famille Bolsonaro, il dirigeait jusqu’en 2022 l’ABIN (Agence Brésilienne d’Information, les services secrets brésiliens). E septembre il franchit clandestinement la frontière terrestre entre l’État de Roraima et la Guyane avant de se réfugier à Miami [NdT].