Argentine : Les antifascistes par centaines de milliers dans la rue
Samedi dernier, des centaines de milliers d’Argentin.e.s sont descendues dans la rue pour une marche antifasciste en réponse au gouvernement de Javier Milei.
Ce samedi (01/02/2025), des centaines de milliers d’Argentin.e.s sont descendu.e.s dans les rues de dizaines de villes, tant dans le pays qu’à l’étranger, pour protester contre le fascisme, incarné par la figure réactionnaire de Javier Milei. La mobilisation et la résistance de la rue sont le résultat d’un processus véritablement démocratique et populaire : les assemblées communautaires. Ce n’est pas d’aujourd’hui que les Argentins mettent des bâtons dans les roues du gouvernement d’extrême droite, mais les slogans de la marche – antifascisme, antiracisme et fierté LGBT – étaient justes et nécessaires pour rassembler différents secteurs de la classe ouvrière et emballer une mobilisation géante.
Nous assistons à la montée de l’extrême droite dans le monde entier. La victoire de Trump aux États-Unis, de Meloni en Italie, d’Orban en Hongrie, de Milei en Argentine, la croissance des partis d’extrême droite au Portugal, en Espagne et en Allemagne, le maintien au pouvoir d’Erdogan en Turquie et de Netanyahou dans l’État illégitime et génocidaire d’Israël sont quelques exemples concrets de la croissance du fascisme. D’un autre côté, des mobilisations démocratiques et antifascistes ont lieu partout dans le monde. Il y a quelques jours, l’Allemagne et la Serbie ont organisé des marches contre l’extrême droite et le néolibéralisme. L’année dernière a également été marquée par un fort soutien international à la résistance palestinienne et par de multiples marches qui ont embrassé les agendas démocratiques les plus divers, tels que les droits des personnes LGBT, des femmes, des Noirs et la défense des travailleurs immigrés.
2024 a été une année marquée par de nombreuses luttes et résistances, des arrêts de travail et des grèves. En novembre, par exemple, des foules sont descendues dans la rue pour défendre l’éducation publique, réclamant non seulement sa gratuité, mais aussi la qualité et l’universalité de l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, le pays a de nouveau été submergé par des centaines de milliers de personnes qui ont crié non au fascisme et aux politiques réactionnaires du gouvernement.
Ce dernier soulèvement, qui a culminé avec la marche, a commencé après que Milei a annoncé qu’il réduirait certains des droits gagnés par le peuple. Parmi ces réductions figurent la fin du document d’identité non binaire, la fin de l’aggravation de la peine pour féminicide et la fin des quotas pour les personnes transgenres dans l’emploi. En outre, à Davos, le président argentin a prononcé un discours extrêmement réactionnaire, associant l’homosexualité à la pédophilie.
Immédiatement, la communauté LGBT s’est organisée avec les mouvements sociaux, les mouvements féministes et les partis politiques et á leur appel des assemblées se sont réunies spontanément dans tout le pays. Le samedi 25 janvier, ces assemblées ont eu lieu et ont décidé d’organiser une grande manifestation sous le slogan «marche antifasciste » une semaine plus tard. Il est important de noter que, bien qu’il s’agisse d’un espace encore embryonnaire, la participation à ces assemblées a été importante. Dans la seule capitale Buenos Aires, par exemple, il y avait plus de 5 000 personnes.
Tout au long de la semaine, la mobilisation s’est renforcée. Des artistes de renommée nationale ont diffusé le tract de la marche sur leurs réseaux sociaux, ont appelé les gens à se réunir dans leur quartier et les mêmes n’ont pas tardé à fleurir sur internet. Le résultat ne pouvait être différent : la manifestation a rassemblé des centaines de milliers d’Argentins dans des dizaines de villes argentines et devant les ambassades argentines de divers pays comme l’Espagne, la France, le Brésil et le Portugal.
L’antifascisme été fondamental pour unifier les différents agendas qui, aujourd’hui, affectent directement le peuple argentin. Il y avait de nombreux drapeaux palestiniens, des slogans contre l’ajustement budgétaire, des pancartes appelant à la réincorporation des travailleurs victimes de licenciements massifs dans les entreprises publiques et privées, des programmes antiracistes et pour le maintien et l’expansion des droits des femmes et de l’ensemble de la communauté LGBT
Le peuple argentin nous montre qu’on ne dialogue avec le fascisme. Le fascisme doit être combattu, et combattu dans la rue, avec une organisation collective. C’est pourquoi je voudrais souligner l’importance de construire une conférence antifasciste, de réunir différentes organisations de gauche et d’élaborer un plan de d’affrontement, dans l’unité d’action. Il est possible de résister, et plus encore, il est possible de contre-attaquer.