La défaite de Le Pen en France et la venue de Milei au Brésil: une majorité sociale pour vaincre l’extrême droite
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La défaite de Le Pen en France et la venue de Milei au Brésil: une majorité sociale pour vaincre l’extrême droite

L’ultra-droite cherche à se réorganiser tandis que le front unique français montre l’exemple de la résistance.

Israel Dutra e Roberto Robaina 8 jul 2024, 16:27

Au moment où nous bouclons cet éditorial, la nouvelle d’un retournement de situation au second tour des élections françaises nous remplit d’espoir. Marine Le Pen, figure rétrograde et anti-immigration, a été battue dans les urnes grâce à la mobilisation sociale et politique du Nouveau Front populaire qui réunit la France Insoumise, le Parti Socialiste, le Parti Communiste, les Verts Ecologistes et a été rejoint par la NPA.

Cette victoire est un bon exemple de comment combattre l’extrême droite, en créant une dynamique de lutte sociale et politique au-delà des élections. Les meilleures traditions de combat de la gauche militante française rencontrent les jeunes générations issues des quartiers populaires. Pendant que Milei et Bolsonaro confabulent, les lignes de la lutte politique bougent. La semaine dernière, le gouvernement conservateur a été balayé lors des élections britanniques, même si le bénéficiaire direct est un parti travailliste relativement aligné sur l’ordre. Il faut profiter de cette bonne nouvelle pour réaffirmer le précepte “Comment combattre un néo-fasciste”, en s’appuyant sur les luttes de tout le peuple, des femmes, des immigrés et de la classe ouvrière.

Milei et Bolsonaro fraternisent

Le président argentin est venu au Brésil pour participer à une réunion de l’extrême droite internationale. Organisée à Balneário Camboriú (SC), la convention s’appelle CPAC [Conservative Political Action Conference] et réunit les leaders de la nouvelle extrême droite, dont Bolsonaro. La cinquième édition de la CPAC Brésil a eu pour principales vedettes Milei et Bolsonaro, et les éloges á la gestion “libertaire” de l’Argentin et les provocations à l’adresse de Lula n’ont pas manqué. Le leader de l’opposition de droite au Chili, José Kast, et le ministre de la justice du gouvernement “dur” de Bukele au Salvador étaient également présents.

La “fête” montre que l’extrême droite atteint un niveau d’articulation internationale de plus en plus élevé. Et proportionnellement, le besoin et l’urgence d’un plan pour les combattre augmentent.

S’il est une chose sur laquelle les différents analystes s’accordent, c’est que l’extrême droite s’est installée dans l’agenda politique des principaux pays du monde.

Tous ceux qui ont suivi, sur les medias ou dans la presse, le débat électoral des USA y ont trouvé de nouveaux motifs d’inquiétudes. C’est un Trump arrogant et putschiste qui a remporté le débat face à un Biden dont la piètre performance laisse planer des doutes sur son maintien dans la course. Trump reste le favori jusqu’à nouvel ordre, tandis que les démocrates sont divisés sur la continuité de Biden et sur son éventuel remplaçant.

Au Brésil, Bolsonaro monte son dispositif pour les élections à venir et mobilise les députés qui le suivent pour booster sa stratégie : obtenir l’amnistie pour lui-même et son entourage, avancer dans les mairies et les conseils municipaux de conseil et préparer le terrain pour la course présidentielle de 2026.

Les choix politiques du gouvernement Lula ne confrontent pas à l’extrême droite

Et comment vaincre Bolsonaro et les leaders qui incarnent l’extrême droite au Brésil ? C’est la “question à un million”. En fait, des “millions”, qui travaillent, votent et soutiennent les différentes sphères du camp dit progressiste dans les syndicats, les manifestations, les mouvements sociaux de toutes sortes, comme les femmes qui ont combattu Lira, les étudiants et les travailleurs de l’éducation fédérale, ceux qui luttent pour le logement dans les grandes villes, ceux qui sont touchés par des catastrophes comme celles du Rio Grande do Sul et ceux qui luttent pour une réforme agraire agroécologique dans les campagnes.

Avec la crédibilité de ceux qui recherchent l’unité pour arrêter l’extrême droite, y compris dans les urnes, comme dans plusieurs villes et capitales en ce mois d’octobre, nous pouvons dire que certains choix du gouvernement ne contribuent pas à la défaite de l’extrême droite.

La timidité à l’encontre des putschistes et des militaires, contrairement au cri de la rue “Pas d’amnistie”, les alliances avec le centre au parlement, nourries de pragmatisme et d’amendements juteux et, surtout, les annonces par le ministre des Finances Haddad, avec la bénédiction de Lula, de coupes budgétaires dans des domaines essentiels.

La défense de l’austérité à tout prix, comme le fait le noyau économique du ministère des Finances, malgré les critiques verbales de Lula sur les taux d’intérêt et la Banque centrale, ouvre la voie á la frustration de la base sociale qui veut vaincre l’extrême droite et souhaite des changements réels dans le pays. La poursuite du libéralisme maintient la concentration de richesses dans les mains de quelques-uns, imposant à la grande masse de la population un recul toujours plus grand de ses conditions de vie déjà dégradées. L’extrême droite, basée sur un populisme rhétorique, souligne que la crise est de la responsabilité de l’État, “surfant” sur le mécontentement général et imposant des mesures de contrôle social accru, renforçant la ligne de guerre contre les pauvres.

La posture indépendante du PSOL est le meilleur moyen de dialoguer avec l’avant-garde large. Nous défendons le gouvernement contre les attaques de la droite et ses mesures en faveur de la population. Mais nous n’avons pas perdu notre esprit critique face au Centrão, à l’ajustement budgétaire et pour éviter que la frustration ne se dissipe. Notre indépendance se matérialise dans la lutte contre le capital financier et les intérêts des grands marchés qui orientent la politique économique du gouvernement. Et comme ces intérêts conduisent le monde vers une crise de plus en plus profonde, il est bon de rappeler que l’extrême droite est la face la plus pourrie de cette crise du système.

Il est possible d’arrêter la main de l’extrême droite et de lutter pour le changement: l’exemple de la France

La défaite de l’extrême droite en France, même si elle ne résout pas l’ensemble des problèmes, car elle conduira à un scénario incertain de confrontation et de lutte sociale accrues, montre que la situation va se radicaliser et se polariser. Elle montre un moyen de combiner la lutte dans les rues et la lutte électorale.

Cette voie a été ouverte par le programme du Nouveau Front populaire, qui n’a pas cédé aux pressions du centre et a dialogué avec les intérêts d’une majorité sociale de mécontents au lieu d’apaiser la bourgeoisie. Et au second tour des législatives, un habile accord tactique entre la gauche et le centre bourgeois qui ne souhaitait pas la victoire de l’extrême droite a été décisif, amenant les candidats ayant le moins de voix contre le RN (gauche ou centre-droit) à se désister en faveur de ceux les mieux placés dans le système français de vote majoritaire par circonscription.

Mais cet accord tactique n’explique pas la résistance et la force organique de la gauche, sans laquelle le triomphe sur le centre et Le Pen serait impossible. La prise de conscience de la lutte contre Le Pen a conduit à une réduction considérable de l’abstention, non pas en faveur du centre, mais de la gauche. En conséquence, l’élection a augmenté la marge de victoire de la gauche du premier au second tour.

Ainsi, nous reprenons notre le projet du premier semestre : la nécessité d’une coordination internationale des luttes contre l’extrême droite, matérialisée par la tenue d’une première conférence internationale antifasciste, qui devait se tenir à Porto Alegre, avec la présence confirmée de 32 pays. Malheureusement, comme nous le savons, nous avons dû la reporter en raison de la tragédie. Cependant, la rencontre de Milei avec Bolsonaro à Santa Catarina ne fait que confirmer la justesse et la nécessité d’une telle initiative.

Les luttes contre l’extrême droite doivent combiner la lutte électorale et la lutte dans la rue, en soutenant les grèves, les mouvements sociaux et d’autres expressions de la lutte.

Lors des élections, qui domineront la situation politique au cours des trois prochains mois au Brésil, notre priorité sera de construire un mur contre l’extrême droite, en stimulant un programme concret de mesures – telles que des tarifs zéro, la valorisation des fonctionnaires, des mesures socio-environnementales – et en luttant pour les candidatures aux élections majoritaires [Maire e Vice] et proportionnelles [Conseillers municipaux] de l’aile gauche du PSOL.


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